Prince of Persia : The Lost Crown, un retour tant attendu, n’a jamais eu la chance qu’il méritait. Ce titre audacieux et expérimental d'Ubisoft, qui a ramené la série emblématique après 14 ans d'absence, a été accueilli avec des critiques élogieuses. Ce Metroidvania avait tout pour redorer l'image d'une entreprise souvent perçue comme une machine à produire des jeux standardisés. Malheureusement, les espoirs d'une suite ont été anéantis récemment lorsque des rapports ont émergé, indiquant qu'Ubisoft avait rejeté la proposition du développeur pour un suivi, en raison de ventes jugées insuffisantes, et tout cela au profit d’un remake de Rayman, qui semble superflu.
"C'est une excuse bien fragile, pour le moins."
Selon des sources fiables, The Lost Crown a généré 15 millions de dollars de revenus avec plus de 300 000 joueurs dans son premier mois. Au 23 octobre, il a été rapporté que le jeu avait dépassé le million d'exemplaires écoulés. Bien que nous ne sachions pas combien le jeu a coûté à développer, il est évident qu'un Metroidvania en 2.5D représente une production moins coûteuse que les énormes RPG photoréalistes que l’on voit habituellement chez Ubisoft.
Des attentes démesurées
Il est probable que des attentes irréalistes aient été placées sur ce titre, ce qui est un problème récurrent dans l'industrie vidéoludique. Même si le jeu a sous-performé et a peut-être perdu de l'argent, la responsabilité ne repose pas sur les épaules de ses créateurs. Voici quelques points clés à considérer :
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Lancement exclusif sur Epic Games Store et uPlay :
- Ubisoft a décidé de ne pas lancer The Lost Crown sur Steam dès le départ, ce qui a limité son audience.
- Le jeu n'est arrivé sur Steam qu’en août, à un moment où la concurrence était déjà intense.
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Statistiques des plateformes :
- Epic Games Store (EGS) : environ 75 millions d'utilisateurs actifs par mois.
- Steam : 132 millions d'utilisateurs actifs par mois, avec environ 69 millions par jour.
- En snobant Steam, Ubisoft a ignoré une base d'utilisateurs beaucoup plus large, ce qui a eu un impact direct sur les ventes.
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Impact sur le Steam Deck :
- En évitant Steam, Ubisoft a également négligé le Steam Deck, qui a été vendu à "plusieurs millions" d'unités selon Valve.
- Un jeu de plateforme en 2.5D aurait parfaitement convenu à cette console portable, mais les utilisateurs ont dû recourir à des applications tierces pour le faire fonctionner, une démarche que peu de joueurs sont prêts à entreprendre.
Une stratégie de lancement mal gérée
Il est encore plus choquant que, selon le journaliste français Gautoz, Ubisoft ait abandonné The Lost Crown peu après son lancement, en raison de ventes jugées décevantes. Cela signifie probablement qu'Ubisoft avait déjà pris sa décision avant même que le jeu ne soit disponible sur Steam, lui laissant peu ou pas de temps pour trouver son public. Cette gestion désastreuse du lancement, combinée à un soutien marketing insuffisant par rapport aux autres franchises phares de l’entreprise, a conduit à une situation où le nouveau Prince de Perse était condamné à l'échec.
Comparaison des efforts marketing
Jeu | Type de marketing | Budget marketing | Résultat des ventes |
---|---|---|---|
Assassin's Creed | Énorme campagne | Très élevé | Millions d'unités vendues |
Far Cry | Campagne solide | Élevé | Succès commercial |
Prince of Persia: The Lost Crown | Campagne minimale | Faible | 1 million d'unités (à peine) |
"Il est difficile de croire qu’Ubisoft souhaite réhabiliter son image tout en sous-estimant ses joyaux critiques."
Une opportunité manquée
Prince of Persia : The Lost Crown aurait dû être un événement monumental, un retour triomphal pour l'une des séries les plus appréciées d'Ubisoft après plus d'une décennie. Le manque d'attention et de soin dans la promotion de ce titre par rapport à d'autres gros jeux de l'éditeur est choquant. Il n'est pas surprenant que le jeu, lancé sur des marchés moins populaires et avec un soutien limité, n'ait pas répondu aux attentes.
Les critiques et l'impact
Les critiques étaient là, prêtes à saluer The Lost Crown. De nombreux analystes et fans ont même commencé à évoquer la possibilité d'une nomination pour le titre de Jeu de l'Année (GOTY). Pourtant, la direction d'Ubisoft a choisi de rejeter ce potentiel, ignorant ainsi une opportunité qui aurait pu revitaliser la franchise.
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Critiques positives :
- Mécanismes de jeu innovants.
- Graphismes attrayants et style artistique.
- Nostalgie pour les fans de la série.
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Critiques négatives :
- Problèmes de lancement sur des plateformes limitées.
- Manque de marketing par rapport à d'autres titres.
La responsabilité des dirigeants
Rejeter une suite à un jeu aussi brillant, qui a reçu un accueil critique chaleureux, est une façon pour la direction d'Ubisoft de fuir ses responsabilités. L'avenir de cette franchise emblématique est complètement inexploité, simplement parce que les dirigeants ne peuvent pas admettre qu'ils ont commis une erreur.
L'importance de l'innovation
Ubisoft a besoin de prendre des risques calculés et de soutenir des projets innovants comme The Lost Crown. En négligeant ces opportunités, l'entreprise s'enferme dans une spirale de remakes et de suites peu inspirées. Ce choix de privilégier des projets plus sûrs, comme le remake de Rayman, pourrait bien se retourner contre elle à long terme.
Réflexions finales
En somme, Prince of Persia : The Lost Crown a été victime d'une combinaison de décisions stratégiques malheureuses, de marketing insuffisant et d'une gestion déficiente. Au lieu de célébrer le retour d'une icône du jeu vidéo, Ubisoft a choisi de l'ignorer, et cela pourrait coûter cher à l'entreprise. L'industrie du jeu vidéo est en constante évolution, et les entreprises doivent s'adapter pour survivre. Ignorer les succès critiques et les opportunités de croissance est une erreur qui pourrait avoir de lourdes conséquences.
Il est temps qu'Ubisoft prenne conscience de son potentiel et investisse dans des projets qui méritent d'être soutenus. Les joueurs attendent avec impatience le retour des franchises qu'ils aiment, mais cela ne peut se faire que si les dirigeants sont prêts à écouter et à apprendre de leurs erreurs.