Les administrateurs de la plateforme Steam, bien connue pour son immense catalogue de jeux vidéo, ne sont pas réputés pour leur modération proactive. Cette approche a suscité des critiques, notamment de la part de l'Anti-Defamation League (ADL), une organisation américaine qui se bat contre la discrimination. Récemment, l'ADL a mené une étude approfondie qui a révélé des chiffres alarmants concernant la présence de contenu extrémiste et haineux sur Steam.
Une étude massive
L’étude de l’ADL a couvert :
- 458 millions de profils d’utilisateurs Steam
- 152 millions de photos de profil et avatars de groupes
- 610 millions de commentaires sur des profils et groupes d’utilisateurs
Au terme de cette analyse, les chercheurs ont identifié 1,83 million de contenus uniques considérés comme extrémistes ou haineux. Ce chiffre peut sembler énorme, mais il est important de noter que la définition de ce type de contenu par l'ADL est assez large.
Les symboles de la haine
L'un des résultats les plus frappants de cette étude est que 54,6 % des cas identifiés étaient liés à l'emblématique Pepe the Frog. Bien que ce personnage soit devenu un symbole controversé associé à des mouvements extrémistes, l'ADL a reconnu que la majorité des apparitions de Pepe en ligne ne sont pas liées à la haine. Cela soulève des questions sur la pertinence de l'inclusion de ce symbole dans un rapport sur Steam.
Cependant, d'autres symboles beaucoup plus problématiques ont également été relevés :
- 9,1 % des contenus identifiés étaient des swastikas.
- Des références à des organisations terroristes comme ISIS ou Hezbollah.
- Des images de meurtriers racistes tels que Brenton Tarrant et Anders Breivik.
Une modération insuffisante ?
L’ADL critique Valve pour son absence de politique de modération claire concernant le contenu extrémiste et haineux. Pourtant, la documentation Steamworks stipule explicitement qu'il est interdit de publier :
- Discours de haine, c'est-à-dire des discours qui promeuvent la haine, la violence ou la discrimination à l'encontre de groupes de personnes en fonction de leur ethnie, religion, genre, âge, handicap ou orientation sexuelle.
Malgré cela, l’ADL souligne que Valve a démontré sa capacité à modérer efficacement, mais seulement dans des situations spécifiques. Il n’existe pas de solutions systématiques pour limiter la publication de ce type de contenu sur Steam.
La réponse de Valve
Jusqu'à présent, Valve n'a pas réagi à ces allégations. Ce n’est pas la première fois que la société se retrouve face à des accusations de ce type. Historiquement, les administrateurs de Steam ont choisi de ne pas prendre de mesures fortes à cet égard. Cela peut s’expliquer par le fait que dans la communauté de jeu, de nombreux symboles controversés sont souvent utilisés dans un esprit de trolling ou de blague, plutôt que comme une véritable manifestation de l’extrémisme des utilisateurs.
La difficulté de la modération
La distinction entre des cas de trolling et des manifestations authentiques d'extrémisme n'est pas toujours facile à établir. De plus, Valve ne dispose pas d'un grand nombre de modérateurs. En effet, la société emploie seulement environ 300 à 400 personnes, dont la majorité est impliquée dans d'autres activités.
Un tableau des contenus extrémistes sur Steam
Type de contenu | Pourcentage (%) |
---|---|
Pepe the Frog | 54.6 |
Swastikas | 9.1 |
Références à ISIS ou Hezbollah | Variable |
Images de meurtriers racistes | Variable |
Un appel à l'action
L’ADL appelle Valve à prendre des mesures plus strictes pour combattre la prolifération de contenus haineux. Les critiques suggèrent que l’entreprise devrait envisager :
- Une augmentation des ressources de modération pour mieux gérer le contenu problématique.
- Des formations pour les modérateurs afin de les sensibiliser aux nuances des symboles et aux contextes culturels.
- Une politique de tolérance zéro envers les contenus extrémistes, avec des conséquences claires pour les utilisateurs qui enfreignent les règles.
Perspectives d'avenir
La situation actuelle soulève des questions importantes sur la responsabilité des plateformes de jeux en ligne. À mesure que la communauté de joueurs continue de croître, la nécessité d'un environnement sûr et accueillant devient de plus en plus pressante. Les entreprises comme Valve doivent trouver un équilibre entre la liberté d'expression et la nécessité de protéger les utilisateurs contre les discours de haine et l'extrémisme.
Conclusion
Alors que l’ADL et d'autres organisations continuent de surveiller la situation, il est crucial que Valve prenne ces préoccupations au sérieux. La communauté de Steam mérite un espace où elle peut interagir sans la menace de contenus haineux ou extrémistes. Les prochaines étapes de Valve seront cruciales pour déterminer si l'entreprise peut évoluer et répondre aux défis posés par son immense plateforme.
L'avenir de la modération sur Steam dépendra de la capacité de Valve à mettre en place des politiques qui protègent ses utilisateurs tout en maintenant un espace de jeu inclusif et respectueux. Les joueurs, les développeurs et les défenseurs des droits de l'homme attendent avec impatience des changements significatifs pour garantir que Steam reste un endroit où chacun peut s'épanouir.