Dans le monde de Dragon Age: The Veilguard, les compagnons semblent avoir été touchés par une vague de positivité excessive qui, bien qu'initialement charmante, finit par créer une atmosphère un peu trop lisse. Imaginez un assassin de mage et un mage qui entrent dans un bar. Cela pourrait être le début d'une blague, mais dans cet univers, c'est plutôt une occasion manquée d'explorer des dynamiques plus intéressantes. Lucanis, le tueur de mage, est présenté comme un assassin redouté, mais en réalité, il ressemble plus à un millénaire qui a besoin de son café avant de commencer à discuter. Cette caricature résume parfaitement le ton général des compagnons du jeu.
Des compagnons trop bienveillants
Après avoir passé des heures avec des personnages tels que Bellara, la douce idéaliste, Neve, la mage étonnamment compréhensive, et Harding, la boule de joie toujours prête à encourager, on peut s'interroger sur l'absence de profondeur émotionnelle. Même un nécromancien, traditionnellement associé à des traits plus sombres, ne parvient pas à apporter une touche de complexité au groupe. Au lieu de cela, on se retrouve entouré de personnages qui manquent cruellement de traits de caractère plus en désaccord.
"Il est difficile de se sentir investi dans une histoire lorsque tous les personnages semblent trop parfaits."
Pourquoi la dynamique de groupe est essentielle
Dans des jeux comme Baldur's Gate 3, les compagnons sont souvent définis par leurs conflits internes et leurs motivations divergentes. Par exemple, Wyll, souvent considéré comme ennuyeux, devient intéressant lorsqu'il est confronté à d'autres compagnons qui apportent des tensions et des désaccords. Voici quelques exemples de la façon dont les dynamiques de groupe enrichissent le récit :
- Conflits de personnalité : Les différences entre les personnages créent des moments mémorables.
- Évolution des relations : Les liens se développent naturellement grâce aux tensions et aux désaccords.
- Complexité narrative : Les enjeux émotionnels sont plus élevés lorsque les personnages sont en désaccord.
La situation dans Dragon Age: The Veilguard
Dans The Veilguard, la situation est radicalement différente. Les compagnons s'entendent immédiatement, sans aucune tension palpable. Voici quelques éléments qui mettent en lumière cette dynamique :
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Lucanis est possédé par un démon, mais cela ne semble pas inquiéter Neve. En tant que mage, elle devrait être méfiante, mais leur interaction est d'une insouciance déconcertante.
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Bellara, une elfe, devrait être mal à l'aise en présence d'une mage Tevinter, mais elle se comporte plutôt comme une admiratrice enthousiaste.
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Taash et Davrin, bien qu'ils soient les plus intéressants du groupe, prennent leur temps pour se dévoiler, mais même eux manquent de profondeur émotionnelle.
Cette absence de conflit fait que les personnages semblent superficiels et dépourvus de personnalité réelle. Les décisions majeures prises tout au long de l'histoire, qui devraient avoir des conséquences sur les vies des compagnons, sont souvent balayées d’un revers de main. Personne ne garde rancune, et cela donne l'impression que les enjeux ne sont pas réellement pris au sérieux.
La nécessité de la tension
Il est impératif qu'il y ait des conflits et des moments de tension pour que les personnages soient vraiment engageants. Dans d'autres jeux, des moments de colère, de déception ou de confrontation ont permis de créer des souvenirs indélébiles. Par exemple :
- Alistair et Morrigan avaient souvent des échanges houleux, ce qui ajoutait une couche de réalisme à leurs interactions.
- Anders n'hésitait pas à faire des commentaires cinglants sur Fenris, créant ainsi des tensions palpables au sein du groupe.
Ces moments de friction sont essentiels pour créer des personnages avec des défauts et des nuances. Ils rendent les arcs narratifs plus captivants, car les joueurs peuvent s'identifier aux luttes internes et aux conflits des personnages.
Un manque de profondeur émotionnelle
Il est difficile de s'attacher aux compagnons de The Veilguard lorsqu'ils semblent tous être des champions de la gentillesse. Rook, le protagoniste, reçoit des éloges pour des actions qui, dans d'autres contextes, pourraient être considérées comme banales. Imaginez un monde où l'on pourrait gifler un personnage comme Emmrich, et où celui-ci serait heureux de recevoir une telle attention. Cela semble absurde, mais c'est le niveau de positivité qui imprègne le jeu.
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Bellara, bien que charmante, finit par être ennuyeuse parce qu'elle est trop gentille. Son enthousiasme devient un bruit de fond qui étouffe les autres personnalités.
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Les thèmes difficiles et les nuances émotionnelles semblent être évités pour rendre le jeu le plus accessible possible. Cependant, cela se traduit par une expérience qui manque de substance.
Le contraste avec les précédents volets de Dragon Age
Les précédents jeux de la franchise Dragon Age avaient une approche plus nuancée en matière de relations entre les personnages. Les compagnons avaient des défauts, des faiblesses, et des moments de désaccord qui les rendaient plus attachants. Les joueurs se souviendront longtemps de ces interactions chargées d'émotion, car elles apportaient une profondeur qui semble absente dans The Veilguard.
Les éléments qui manquent :
- Dynamique de groupe complexe : Les relations évoluaient grâce aux conflits et aux interactions variées.
- Personnages imparfaits : Les défauts des personnages les rendaient plus humains et relatables.
- Moments mémorables : Les échanges piquants et les confrontations laissaient une empreinte durable sur les joueurs.
Conclusion sur l'expérience de jeu
Il est indéniable que les compagnons de The Veilguard sont bien intentionnés et dotés d'une personnalité agréable. Cependant, leur trop grande gentillesse les rend en fin de compte ennuyeux. Dans un jeu où l'on s'attend à des conflits, des luttes et des moments de tension, le manque d'interactions significatives peut laisser les joueurs sur leur faim.
Les personnages devraient être en mesure d'exprimer des émotions plus variées, d'avoir des désaccords et de se confronter à des dilemmes moraux. Cela rendrait non seulement l'expérience de jeu plus engageante, mais cela permettrait également aux joueurs de se connecter plus profondément avec les personnages. Dans une franchise aussi riche que Dragon Age, il est décevant de voir une telle opportunité d'explorer des dynamiques humaines complexes passer à côté.