Slitterhead a immédiatement attiré l'attention lors de son annonce, en grande partie grâce à l'équipe de Bokeh Games. Dirigée par Keiichiro Toyama, une légende vivante du jeu vidéo japonais, créateur de chefs-d'œuvre tels que Silent Hill, Siren et Gravity Rush, cette équipe a suscité beaucoup d'excitation. Ajoutez à cela Akira Yamaoka, un pilier de Silent Hill, qui compose la bande-son, et vous obtenez un scénario de rêve pour les amateurs de survival horror. Cependant, après avoir terminé le jeu, une question persiste : qu'est-ce que Slitterhead ?
Une présentation saisissante
La première chose qui frappe dans Slitterhead, c'est sa présentation. Le jeu est parfois magnifique, avec une ambiance néon et un Hong Kong crasseux qui rappelle les moments les plus mémorables de Sleeping Dogs. Cependant, il est clair que ce n'est pas un jeu AAA à gros budget, et quelques raccourcis sont visibles. Voici quelques éléments à noter :
- Graphismes : Visuellement captivants, mais certains personnages non-joueurs (PNJ) semblent se répéter, créant une sensation d'irréalité.
- Transitions : Les cinématiques sont de bien meilleure qualité que le gameplay, provoquant des transitions parfois déroutantes.
- Bande-son : Un mélange intéressant de drones inquiétants et de moments jazzy, qui accompagne bien l'expérience sans jamais l'éclipser.
Une histoire énigmatique
Le scénario de Slitterhead est obscur et délibérément déroutant, ce qui pourrait refléter les ambitions du titre, mais son exécution laisse à désirer. Vous incarnez un esprit mystérieux, le Hyoki, piégé dans un monde de jeu sans souvenirs. Pour survivre, vous devez posséder les corps des gens autour de vous, contrôlant leurs actions à travers leur sang. Ce contrôle est limité, et votre personnage est fragile et maladroit.
- Rarities : En progressant, vous rencontrerez jusqu'à huit Rarities, qui sont des humains capables de se lier complètement à vous, libérant ainsi leur plein potentiel.
- Monstres : Les Slitterheads, des créatures grotesques, possèdent également des corps humains, ce qui ajoute une couche d'horreur à l'expérience.
En avançant dans le jeu, de nombreuses questions surviennent, mais Slitterhead ne propose pas de réponses faciles. Une grande partie de l'histoire est cachée derrière des fragments de mémoire à collectionner, et le mécanisme de voyage dans le temps complique encore la compréhension des événements. Bien que cela contribue à l'ambiance troublante du jeu, la fin laisse perplexe et nécessite réflexion.
Un gameplay déroutant
Le gameplay de Slitterhead est une fusion inattendue de visual novel et de jeu d'action basé sur des missions, plutôt qu'un survival horror traditionnel. Chaque Rarity possède des armes et des compétences uniques, basées sur leur personnalité et alimentées par leur propre sang. Voici quelques aspects à considérer :
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Personnages : Les Rarities offrent des archétypes de personnages familiers, mais leur présentation et leur cadre les rendent originaux.
- Julee : Rarity axée sur le soin.
- Alex : Un guerrier DPS.
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Stratégie : Vous pouvez emporter deux Rarities dans chaque mission, ce qui ouvre une multitude de choix stratégiques.
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Possession : En plus des Rarities, vous pouvez également posséder des citoyens ordinaires en combat, ajoutant une dimension frénétique aux affrontements.
Exploration limitée
Malheureusement, l'exploration de la ville est extrêmement limitée. Voici quelques frustrations rencontrées :
- Murs invisibles : La ville est parsemée de murs invisibles, empêchant une exploration libre.
- Collectibles : Les objets à collectionner ne sont révélés qu'après avoir terminé une mission, rendant la recherche frustrante.
- Rarities cachées : Plusieurs Rarities sont dissimulées dans les missions, et leur progression est bloquée tant que vous ne les trouvez pas.
Ces choix de conception sont des échos de mécaniques de jeu que l'on espérait voir disparues. Il est frustrant de devoir rejouer des missions sans récompense significative, car les points de compétence ne sont attribués qu'une seule fois lors de la première fin d'une mission.
Un design de créatures répétitif
Le design des créatures laisse également à désirer. Il devient vite ennuyant de combattre des types de monstres grotesques qui se répètent inlassablement. Une fois que vous avez affronté quelques centaines de ces abominations, l'intérêt commence à s'estomper.
Un développement difficile
Keiichiro Toyama a été franc sur les défis rencontrés lors du développement du jeu, notamment en ce qui concerne le choix du moteur et les effets de la pandémie de Covid. Bien que l'on puisse être compréhensif face aux difficultés rencontrées par les nouveaux studios, même ceux composés de figures emblématiques, Slitterhead est un jeu difficile à recommander dans son état actuel.
Éléments | Points Positifs | Points Négatifs |
---|---|---|
Graphismes | Ambiance visuelle captivante | Répétition des PNJ |
Gameplay | Originalité des Rarities | Exploration limitée |
Histoire | Éléments intrigants | Narration confuse |
Bande-son | Accompagnement immersif | Manque de voix-off |
En résumé
Slitterhead est un projet ambitieux qui, malgré ses réalisations, semble en proie à des problèmes de conception et d'exécution. L'originalité de son approche narrative et de son gameplay est à saluer, mais les lacunes en matière d'exploration et de répétitivité dans les combats peuvent laisser un goût amer. Les fans de Keiichiro Toyama et d'Akira Yamaoka apprécieront sans doute certains aspects du jeu, mais d'autres risquent de se sentir frustrés par son manque de clarté et de profondeur.
Les amateurs de jeux vidéo se retrouveront donc face à un titre qui, bien qu'intriguant, nécessite encore des ajustements pour atteindre son plein potentiel. Seule l'avenir nous dira si Bokeh Games parviendra à surmonter ces défis et à livrer une expérience qui rendra hommage à l'héritage de ses créateurs tout en offrant aux joueurs un voyage mémorable dans l'horreur et la mystique.